L’Eurasienne #6 : l’Italie

De Grenoble vers le Vietnam avec des selles Barefoot, l’Eurasienne #6
(voir la carte : https://www.ffe.com/cartographie/eurasienne/carte/index.html )

Il est dit qu’en Italie, on mange bien ! Et bien c’est vérifié et approuvé, même en voyageant à cheval dans des petits villages perdus en pleine campagne, on réussi à trouver une « trattoria » qui propose des plats de pâtes ou des pizzas d’une qualité gustative inégalable ! Encore mieux, lorsqu’on arrive à cheval et avec un chien, on a l’impression d’être encore mieux reçus que si nous venions sans animaux. Les Italiens adore les animaux. Il existe même une loi qui interdit aux restaurateurs de refuser l’entrée à un chien domestique dans un restaurant. Lorsque nous arrivons dans les villages, c’est d’abord aux animaux à qui on propose à boire et à manger. Nous ne nous attendions pas à un tel accueil. Nous avons traversés l’Italie durant la canicule de 2019, et presque tous les jours, nous avons eu le droit à des dons de nourriture et de bouteille d’eau.

Flavien et moi ne parlions pas un mot d’italien avant d’entrer dans le pays. Les premiers jours furent l’occasion d’apprendre les mots de bases destinés à notre survie (« bonjour », « merci », « manger », « eau », « dormir », « cheval », « chien », …). En tant qu’ « explorateurs modernes », il nous est arrivé d’utiliser Google Traduction mais au bout d’une semaine, nous étions capables de tenir une conversation de plusieurs heures avec des Italiens. Les gestes sont très utiles et cette langue est proche du français. Il existe aussi des dialectes différents dans chaque région mais qui sont très compréhensibles car similaires à la langue française. En plus de la facilité d’apprentissage de la langue, les italiens que nous avons rencontrés ont été très ouverts et ils communiquent aisément pour parler de n’importe quel sujet. Avec les personnes que nous avons croisées, nous n’avons jamais ressentis de distance ou de barrière sociale. Les italiens ont été très chaleureux. Je me souviens m’être fait la réflexion en fin de voyage, comme quoi aucune personne ne m’avait demandé mon métier. A aucun moment je ne me suis sentie mise dans une case. J’ai réellement eu l’impression d’être appréciée pour ce que j’étais à l’instant présent. C’est aussi une des grandes qualités du voyage, il n’y a pas de barrières sociales. Un cadre supérieur voyageur peut rencontrer un marchant de fruit randonneur en se trouvant sur le même chemin. Ils sont alors mis au même niveau et avec les mêmes intentions : celle de la découverte, du partage, de la rencontre.

En Italie, tout semble simple, les Italiens que nous avons rencontrés n’ont pas d’aprioris et surtout s’ils peuvent aider ils le font. Nous avons même été reçus dans le jardin d’un homme avec nos 3 chevaux : une expérience inoubliable !

Durant la canicule, notre priorité est de trouver de l’eau 3 fois par jours pour les animaux. Notre itinéraire a d’ailleurs été tracé en fonction des fontaines, cimetières, ruisseaux, fleuves, commerces, et maisons susceptibles de nous offrir régulièrement de l’eau. Etant donné la chaleur (au delà de 40 degrés), nous décidons de ne pas randonner entre 12h et 15h. La sieste est devenue un moment crucial de la journée en période de canicule. Cela nous permettait d’avoir assez d’énergie pour partir très tôt le matin afin d’éviter les grosses chaleurs.

Le matin, nous ne savions généralement pas où nous allions dormir le soir. Cette manière de voyager est à la fois existante car la non-organisation laisse souvent place à de belles opportunités, mais elle est aussi dangereuse et compliquée lorsqu’il s’agit de s’agit de voyager avec des animaux. C’est pour cela qu’il est important de comprendre les quelques premiers jours dans l’arrivée d’un pays, quelles sont les possibilités pour dormir avec des animaux sans être constamment dérangés ou rejetés par les locaux. Nous n’avons pas rencontré de structures adaptées pour les chevaux sur les sentiers que nous avons empruntés. Mais l’avantage en Italie, est la présence de nombreuses fontaines publiques d’eau potable ! Un grand point positif pour le voyageur à cheval. Pour dormir, aucune aire de bivouac n’est réellement adaptée pour camper avec des chevaux. Nous n’avons pas eu la chance de rencontrer de pré communal comme ce fût le cas en France.

En Italie, beaucoup de terrains sont privés (très peu de terrains communaux, même près des églises ou cimetières). Si possible, il est bon de demander au propriétaire avant d’y planter sa tente. Parfois, il est possible d’aller voir les mairies pour demander un terrain où dormir. Nous avons utilisés les centres sportifs, les parcs, les terrains de jeu pour enfants et le bivouac sauvage pour la partie en autonomie.

La meilleure solution, si on arrive avant la nuit est de fréquenter les bars. C’est ici qu’on peut discuter, et facilement trouver un endroit où dormir. Le plus difficile reste de trouver une douche pour le cavalier. Il faut accepter de se laver au gant de toilette le soir près d’une fontaine par exemple. Une nuit, nous avons même dû nous laver dans un cimetière dont la porte était restée ouverte…

Certaines structures privées peuvent accueillir des cavaliers et leurs chevaux. Cependant, à notre connaissance et en discutant avec les personnes concernées, il n’existe pas de répertoire listant les gîtes étapes équestres disponibles en Italie. Certaines de ses structures sont référencées en tant que structures « d’Agritourisme » mais toutes les structures d’agritourisme n’accueillent pas les chevaux car ce n’est pas leur fonction principale. La nuitée coûte en moyenne 70 euros.

Contrairement à la France, l’Italie dispose de plusieurs Fédérations liées au tourisme équestres. D’après des associations de cavaliers et des cavaliers indépendants que nous avons rencontrés et qui pratiquent régulièrement du trekking à cheval, les Fédérations existantes ne sont pas encore suffisamment actives dans le développement du tourisme équestre en Italie. De ce fait, des associations et groupes de solidarité se sont créés pour ouvrir et entretenir des sentiers équestres. Nous avons découvert dans ce genre de groupe, des propriétaires pouvant accueillir des cavaliers mais non référencés par manque d’existence d’une plateforme officielle. Il nous est arrivé d’utiliser ces réseaux sociaux pour partir à la rencontre de cavaliers pouvant nous éclairer sur les meilleurs itinéraires ou nous accueillir le temps d’une nuit. A notre grande surprise, en Italie, le sport équestre est aussi bien un sport masculin que féminin d’après les cavaliers et cavalières que nous avons eu la chance de côtoyer. Nous avons d’ailleurs rencontrés beaucoup d’hommes cavaliers qui nous ont aidé dans notre périple.

Les sentiers empruntés sont très variés. J’ai adoré le passage du piémont où je contemplais tous les soirs le coucher du soleil derrière les vallons de vignes et de vergers. En Italie, tout nous a semblé très propre, les paysages sont bien entretenus, et certains villages sont très agréables à cheval car ils ont gardé leur style médiéval. Cependant, le passage des fleuves est assez dangereux car il n’y a pas de place sur le côté pour les cavaliers et leur monture. C’est un point d’amélioration dont les italiens sont parfaitement conscients aussi bien pour les cyclistes, les randonneurs, et les cavaliers.

La partie italienne a été un voyage qui a éveillé nos sens. Nous avons rencontrer de très belle personnes, déguster de merveilleux plats cuisinés par nos hôtes, nous avons vu des paysages magnifiques, et nos animaux ont été les plus heureux du monde car très bien accueillis par les locaux. L’Italie a été la partie la plus longue et la plus riche de l’aventure. Nous avons rencontré de magnifiques personnes et il m’est impossible en un seul article de décrire les multiples expériences et anecdotes que nous avons vécues. J’invite les lecteurs à se diriger vers la page Facebook L’Eurasienne afin de revivre les moments drôles et agréables de l’aventure…

Kim Rémy

L’Eurasienne #5 : le passage des Alpes

De Grenoble vers le Vietnam avec des selles Barefoot, l’Eurasienne #5
(voir la carte : https://www.ffe.com/cartographie/eurasienne/carte/index.html )

Même si je vis depuis cinq ans au milieu des Alpes, je suis toujours surprise et émerveillée par ces paysages montagneux qui diffèrent chaque jour. Ce passage a été un des plus difficile physiquement mais tellement beau. 

Pour le passage des Alpes, nous décidions que ce serait Ramsès, le cheval de Flavien qui porterait le matériel la majorité du temps. En effet, étant donné que nous avions récupéré Vagabon, notre Fjord, il y a peu de temps, je voulais qu’il habitue très progressivement ses sabots sans lui mettre de grosse charge dès le début. Le dénivelé très important, nous oblige à parcourir les sentiers à pieds, à côté des chevaux. Le nombre de kilomètres journaliers est compris entre 8 et 12 km étant donné les gros dénivelés. Les premiers jours, le climat est à notre avantage. Nous rencontrons quelques petites pluies mais rien de pénalisant. Nous campons près des lacs de montagne ou dans les plaines avec des ruisseaux afin d’avoir de l’eau pour les animaux. Nous mangeons des boîtes de conserves que nous avions achetées dans la vallée. La nuit, les chevaux sont majoritairement en entraves et donc en semi-liberté. Ils restent autour de notre tente. Il n’y a plus de bruit de voitures et nous pouvons parfois passer plusieurs jours sans croiser personnes. La sensation de liberté est agréable et apaisante. Nos yeux voient loin et nous contemplons de multiples couleurs offertes par la Nature. Une fois arrivés à l’Alpes du Grand Serre, nous avons la grande surprise de pouvoir mettre nos chevaux dans un pré communal gratuitement. Ce qui nous a permis de relâcher notre attention sur les animaux, de nous reposer et d’aller manger en amoureux, un vrai repas !

En discutant avec les quelques habitants de la station, nous apprenons qu’une tempête se prépare et les habitants nous conseillent d’emprunter un chemin en particulier afin d’atteindre le Taillefer. En effet, certains sentiers sont infranchissables car de gros arbres sont tombés en travers. Nous redessinons le parcours en écoutant les conseils des locaux.

Le lendemain, nous décidons de partir tôt, le temps commence à se rafraichir et le ciel devient nuageux. Dès les premiers pas, le dénivelé se fait sentir. Le sentier pour arriver jusqu’au lac Fourchu est peu rocailleux mais contrairement aux informations que l’on avait reçu, de nombreux arbres étaient en travers de ce chemin. Nous passons plusieurs heures à essayer de dégager la route. Bien que l’on soit en période de canicule, les paysages traversés sont partiellement enneigés. Les chevaux et la chienne sont ravis de marcher dans la neige fraîche alors qu’ils sont en plein effort. Nous faisons tout de même attention qu’ils n’en ingurgitent pas trop pour éviter des éventuels désagréments qui pourraient leur être fatals (choc thermique, colique,…). Lorsque nous arrivons enfin au lac Fourchu, il est écrit sur une pancarte que les cavaliers et leurs chevaux sont interdits… Nous décidons de camper dans la plaine 2 km plus loin.

C’est à partir de cette étape que les choses se compliquent. Nous nous réveillons le lendemain dans un brouillard froid et humide, mais nous devons passer rapidement le Taillefer si on ne veut pas rester bloquer dans les tempêtes. Les chemins sont raides, et nous avons appris par la suite qu’ils n’ont jamais été empruntés par des chevaux. Ces passages ont été possibles selon moi car nos chevaux ne sont pas ferrés ; leurs appuis sont plus sûrs. De plus, les roches étaient tellement lisses qu’avec des fers les chevaux auraient glissés. Flavien ou moi devions constamment tester les chemins en amont afin d’éviter les crevasses car les sentiers et leur balisage étaient totalement effacés par la neige.

Quelques kilomètres avant notre prochaine étape, le chemin devient de plus en plus escarpé et glissant. Nous estimons qu’il est dangereux pour les chevaux d’escalader avec selles, sacoches et bât sur le dos. Nous décidons d’enlever toutes les charges et de les monter jusqu’aux plateaux du Taillefer en laissant les bagages sur le sentier. Cette décision nous a cassé le moral mais la vie de nos chevaux en dépendait, donc pas question de faire autrement. En remontant le sentier avec les chevaux à nus, nous croisons un sportif vêtu d’un rouge pétant qui redescendait la montagne dans la brume. J’avais l’impression qu’il tombait à pic. Il nous proposa son aide pour remonter les chevaux et le matériel car la nuit et la température tomberaient rapidement. En temps normal j’aurai refusé, mais étant donné la situation, nous avons accepté sans la moindre hésitation. Après une bonne heure d’aller-retour avec jusqu’à vingt kilogrammes sur le dos pour une caisse de bât, le coureur doit rentrer chez lui car la nuit tombe. Deux heures après son départ, nous réussissons à nous emmener sur le plateau des lacs du Taillefer. Nous sommes au dessus de la brume et pouvons contempler le coucher de soleil. Bien que nous soyons physiquement épuisés, nous montons la tente dans la tourbière sous un vent gelé avoisinant les 80 km/h. Nous disposons le matériel contre la tente en l’utilisant comme paravent. Les chevaux restaient ensemble près du camp et Gaïa dans la tente. La nuit fut courte et agitée. Cette nuit là, le vent est monté à 120 km/h.

Au réveil, il y a toujours autant de vent. Nous décidons d’atteindre le refuge du Taillefer. Après quelques heures de marche, nous apercevons une Yourte dans laquelle nous rêvons d’aller nous réchauffer. Une fois arrivée, il se trouve que la yourte est privée et réservée. Le propriétaire nous autorise de planter la tente à côté et les chevaux sont toujours en liberté avec de l’herbe, de l’eau et des grains à disposition.

Cette dernière nuit dans les montagnes fût la plus gelée de toutes avec des températures inférieures à zéro degré. D’ailleurs, nos affaires ont gelé ! Le matin, le propriétaire nous offre le café : le meilleur café du monde. Cela fait deux jours que nous avons le ventre presque vide sans avoir la possibilité d’ingurgiter des aliments chauds car le vent empêche l’allumage du feu.

Le propriétaire du refuge nous annonce de grosses tempêtes pour les semaines à venir. Nous décidons de rejoindre la vallée de l’Oisans pour se reposer en Camping quelques jours avant de reprendre la route. Nous avons le choix de continuer à pied en traversant le Montgenèvre avec les risques liés aux tempêtes en montagne ou passer les Alpes en camion pour rejoindre l’Italie. Continuer à pied la route qu’on s’était fixée implique de mettre l’ensemble de l’équipe en danger. Le choix fût très simple. La sécurité avant tout. Une bonne équipe d’aventuriers est une équipe vivante !

Kim Rémy

L’Eurasienne #4 : le départ

De Grenoble vers le Vietnam avec des selles Barefoot, l’Eurasienne #4
(voir la carte : https://www.ffe.com/cartographie/eurasienne/carte/index.html )

Le départ a lieu le 1er Juin depuis le pré des chevaux dans une ville de l’agglomération grenobloise. Les chevaux sont excités ce jour là. On dirait qu’ils comprennent qu’ils ne reverront plus leurs camarades de pré. La préparation des chevaux est compliquée car ils sont appelés régulièrement derrière la clôture du pré par la jument leader du groupe de 5 qu’ils s’étaient créés.

Nous avions demandé que le départ se fasse en petit comité. Plusieurs membres de la famille et amis sont venus nous dire au revoir. Au moment de partir, mes sentiments sont totalement partagés : je suis excitée à l’idée de partir à la découverte du monde à travers ce projet que je prépare depuis 1 an ; mais une voix intérieure me dit aussi que je ne vais pas voir les gens que j’aime pendant un certain temps… Tout est prêt, il ne reste plus qu’à partir.

Le 1er kilomètre est compliqué car les chevaux s’appellent entre eux. Le chemin emprunté ne leur est pas inconnu mais ils se demandent s’ils vont dormir au pré ce soir. Au bout de 3h de marche, les chevaux sont calmes et nous décidons de faire une pause pour déjeuner. Nous savons que ce soir un ami nous prête son jardin (car il est en déplacement) afin que nous y passions la nuit avant d’attaquer les Alpes le lendemain. La nuit se passe merveilleusement bien. Les chevaux sont détendus et nous aussi. L’aventure peut enfin commencer.

Kim Rémy

L’Eurasienne #3 : le choix de l’équipe et du matériel

De Grenoble vers le Vietnam avec des selles Barefoot, l’Eurasienne #3
(voir la carte : https://www.ffe.com/cartographie/eurasienne/carte/index.html )

Les animaux : des choix évidents

Gaïa est arrivée toute petite dans notre foyer il y a 5 ans. Dès ces premiers mois, nous l’emmenions partout, y compris lors de nos nombreuses randonnées en montagne. Cette croisée Border Collie/Labrador a toujours été nourrie à la viande crue récupérée chez un boucher. Ce type d’alimentation naturelle lui a permis de développer une musculature et une endurance bien supérieure à la normale. Durant nos trekkings, c’est souvent nous qui fatiguons avant Gaïa. Je dis souvent que notre chienne est la plus entraînée de tous pour une telle aventure.   

En ce qui concerne les chevaux, je n’ai pas voulu choisir une race particulière, une taille de garrot spécifique, une robe ou encore un âge précis. Ces animaux se sont trouvés sur mon chemin à un moment précis de ma vie. J’ai la chance que ces trois chevaux soient rustiques et donc très résistants physiquement. Cependant, deux de nos chevaux ont vécu un passé compliqué et ils n’avaient jamais été montés ou dressés lorsque nous les avons recueilli. Nous avons pris cette difficulté comme un challenge. C’est un apprentissage réciproque entre les chevaux et nous.

Cheyenne est une jument ONC (avec probablement du sang camarguais) que j’ai récupéré lorsqu’elle avait 3 ans chez un marchant de bestiaux boucher-charcutier. Elle avait été maltraitée, avait peur de la moindre brindille et je ne pouvais pas la monter car elle était bien trop jeune et bien trop maigre pour supporter un poids sur son dos. Nous nous sommes éduquées toutes les deux pendant deux ans, en travaillant ensemble en liberté dans un pré et sans structure équestre. Le résultat a été spectaculaire tant sur le plan mental que sur le plan physique (sabot compris). Elle était devenue ma partenaire de randonnée. Cheyenne est aujourd’hui une jument avec du punch, elle a besoin de beaucoup marcher et aime être rassurée.

Ramsès, un mérens pure race est le cheval de Flavien. Lorsque Flavien a pris la décision de rejoindre l’expédition, il a souhaité trouver un cheval rustique et calme. Lorsqu’il a vu Ramsès pour la première fois, il a sans hésiter, souhaité l’intégrer à l’aventure. Afin de se familiariser directement avec son cheval, Flavien a souhaité ramener Ramsès à pied jusqu’à notre pré (une après-midi de marche). Ramsès est un cheval docile de 14 ans, très calme mais très caractériel, n’a peur de rien et c’est le cheval leader de l’expédition.

Vagabon, un Fjord pure race de 10 ans, a été mis sur notre chemin juste avant de partir en expédition. Lorsque nous partions en randonnée avec Ramsès et Cheyenne, nous passions régulièrement devant un camp de forains dans lequel ce Fjord vivait. Il avait des sabots très abimés par le retrait brutal de fer qui devait dater de quelques mois. Il avait une dermite qui lui faisait saigner la crinière et le haut de la queue, et avait des oedèmes sur les flancs. Nous recherchions un cheval de bât et Vagabon n’était clairement pas près pour l’aventure. Nous avons négocié plusieurs semaines avec les forains afin de récupérer ce cheval et l’intégrer à notre équipe. Nous sentions, Flavien et moi, qu’il était dans notre devoir de sortir ce cheval de sa condition actuelle. Et peu importe le temps et le prix que nous mettrons pour qu’il se refasse, nous avions décidé de le remettre sur pied. Nous décidons donc qu’il deviendrait le cheval de bât qu’il nous manquant, même si au début nous devons faire porter le matériel par Ramsès, nous étions persuadés qu’au bout de quelques jours de randonnée en extérieur (et beaucoup de soins sur ces sabots, sa peau,…), Vagabon se remettrait très rapidement.

Le matériel : selles sans arçons, bride sans mors et hipposandales

Depuis mon plus jeune âge je me suis toujours intéressée au bien-être animal. Plus je grandissais et plus je me questionnais sur les méthodes et les matériels employés pour les chevaux. J’ai pour habitude d’aller au fond des choses et de ne pas écouter l’opinion commune tant que je n’ai pas des preuves factuelles des résultats attendus. Flavien et moi sommes aussi très sensibilisés à l’alimentation des animaux, mais ce sujet sera traité ultérieurement.

Ayant l’habitude de monter à cru sur de courte durée, j’étais à la recherche d’une selle qui se rapprochait d’une monte à cru afin que je puisse anticiper et ressentir les mouvements du cheval. Impossible d’utiliser un tapis de monte à cru pour de longues distances car le poids de mon assise ne serait pas réparti sur l’ensemble du dos du cheval. Je ne souhaitais pas non plus utiliser une selle avec arçon pour ma jument Cheyenne car les selles que nous avions testées sur elle ne convenaient ni pour elle, ni pour moi (pas des selles à 3000 euros mais de bonnes qualités quand même). Ces dernières étaient trop lourdes pour une utilisation régulière, trop rigides pour un mouvement prolongé et quotidien. Pour ma part, j’avais l’impression d’être sur le siège rigide d’un véhicule plutôt que sur un cheval en mouvement. Les selles sans arçon Barefoot ont donc été la solution à mes soucis. J’ai testé ces selles avant l’expédition, et il s’est avéré que ma jument était plus détendue en randonnée car elle avait les épaules bien dégagées dans ses mouvements, je n’ai eu aucune blessure ni au passage de sangle, ni sur le dos. La maniabilité de la selle était d’une simplicité et d’une légèreté incomparable par rapport à mes précédentes selles. Flavien et moi avons donc choisi d’utiliser des selles Barefoot pour l’expédition. Une manière encore pour moi de rompre les aprioris de la monte traditionnelle en selle avec arçon (que j’approuve totalement dans des conditions bien spécifiques) – Par exemple, pour le cheval de bât, qui lui porte un poids « mort » sur le dos, j’ai préféré utiliser une selle avec arçon qui a très bien fait l’affaire. Pour information, nous avons utilisé l’ensemble de bât Guichard TRISSAC pour le port de matériel. Ce bât est à positionner sur une selle type « western » avec une corne.

Malgré les nombreux « arguments » lus et entendus sur le filet avec mors, je n’ai jamais adhéré à cette pratique (même si j’ai du l’utiliser en centre équestre pour le passage de Galops). Je n’argumenterai pas sur le sujet dans cet article mais j’ai fait le choix de ne mettre aucun mors à mes chevaux pour l’expédition. L’utilisation de side-pull et de licol était notre seule méthode pour guider les chevaux dans la douceur et la complicité.

Aucun de nos chevaux n’a été ferré pour l’aventure. Ils sont régulièrement suivis par des podologues pour vérifier l’état de leur sabot et par des ostéopathes pour leur dos. Il faut savoir que nous avons décider de faire une moyenne de 20 km/jour et de ne monter sur les chevaux que 1/3 du temps pour respecter leur dos et leurs pieds. Cheyenne et Ramsès ont de très bons sabots qui ne nécessitent pas de ferrage ou d’assistance particulière. Après avoir récupéré Vagabon, ses sabots commençaient à se remettre d’aplombs mais n’étaient pas totalement sains. Nous avons donc choisi de lui mettre des hipposandales le temps que ses antérieurs se refassent totalement. Les résultats ont été spectaculaires et seront détaillés dans un prochain article.

Kim REMY



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Ethique du consommateur

Comme vous en avez peut-être déjà fait l’expérience, chez Barefoot Lux’, nous faisons de notre mieux pour vous aider à choisir le matériel qui donnera toute satisfaction à votre cheval et à vous-même, et l’adapter au couple que vous formez.
Pour pouvoir continuer à vous offrir notre meilleur, nous avons besoin de votre soutien, et notamment nous avons besoin de vos commandes.

Nous sommes une petite entreprise de revendeur indépendant.
Si, après nous avoir mis à contribution pour vous aider dans vos choix, vous commandez ailleurs juste pour être livré un peu plus tôt, vous participer à l’’amazonisation’ du commerce, et nous ne pourrons pas continuer à vous offrir notre compétence en matière de conseil, tout simplement car nous ne pourrons pas tenir. Si on suit cette logique, il ne reste plus qu’un seul fournisseur, qui a toujours tout en stock, mais il n’y a plus de conseil et aucune place pour la relation.

De notre côté nous faisons aussi le maximum pour réduire les délais, de nombreux articles sont en stock en permanence, et par ailleurs, qu’est-ce que c’est que 2 ou 3 semaines d’attente, sur la vie d’une selle ? Cela sera vite oublié, même si nous pouvons comprendre l’impatience, et nous serons toujours là quand vous en aurez besoin.

Donc merci de jouer le jeu et de favoriser ainsi un commerce de qualité.

Anne Caumont

L’Eurasienne #2 : la préparation

De Grenoble vers le Vietnam avec des selles Barefoot, l’Eurasienne #2
(voir la carte : https://www.ffe.com/cartographie/eurasienne/carte/index.html )

Je vais peut-être vous étonner mais on n’est jamais réellement prêt à vivre une expédition comme celle-ci. C’est Mike Horn, cet aventurier très connu pour ces expéditions à travers le globe, qui a dit un jour : « Lorsqu’on part en expédition, on se prépare à 5 % et les 95 autres pourcents se feront durant l’aventure ». Avant de partir, il y a tellement de choses à préparer que j’ai plutôt l’impression d’avoir préparé plus de 50 % du périple… Mais en réalité je ne serai jamais préparée à toutes les péripéties et expériences qui m’arriveront et c’est tant mieux ! J’aime les surprises. Je préfère les bonnes surprises bien sûr, mais les moins bonnes me permettent aussi d’évoluer tant sur le plan « expériences pratiques » que sur la manière de gérer les situations.

Depuis 1 ans je me prépare pour l’expédition et la plupart des personnes que je rencontre réagissent à peu près toutes de la même manière lorsqu’il s’agit de parler de « préparation ». Elles sont d’abord étonnées puis elles s’interrogent sur des questions de logistique. Je prends toujours le temps de les rassurer car une fois que j’ai répondu à toutes leurs questions des étoiles apparaissent dans leurs yeux, leur visage s’illumine comme si elles allaient vivre l’aventure avec moi. Ce sont ces moments-là qui m’encouragent à bien répondre à leurs interrogations.

Les 2 questions qui reviennent souvent sont :

  1. As-tu bien préparé les chevaux ?
  2. Comment vas-tu gérer le passage de frontières?

Je réponds globalement les mêmes réponses : oui, les chevaux sont prêts et oui je dispose des papiers qu’il faut. En effet Flavien et moi travaillons en étroite collaboration avec la FITE, la FFE et la DDPP qui nous donnent les informations sanitaires et réglementaires afin de passer au mieux chaque pays. Ces réponses sont des réponses qui ont pour but de rassurer les personnes qui m’interrogent.

La réalité est un peu différente. Les chevaux, tout comme moi, ne sont jamais prêts à vivre une telle expérience. Par exemple, marcher autant de kilomètres sur du long terme ne leur a pas encore été imposé. De plus, ils vont vivre des situations qui seront nouvelles pour eux et pour moi. Bien sûr, je les ai désensibilisé au maximum. Mais je reste persuadée que les choses s’apprennent et s’acquièrent lorsqu’elles sont nécessaires, lorsqu’on en a besoin ! Très peu d’entre nous sont capables d’apprendre une langue nouvelle s’ils n’en ont pas l’utilité ou l’envie. Avec Cheyenne, ma jument, ça a été pareil. Lorsque j’ai commencé l’Expédition il y a plus d’un mois elle ne passait pas de flaque d’eau. Aujourd’hui elle traverse des torrents dont l’eau lui arrive à l’épaule. Encore mieux, elle se couche dans l’eau… Elle n’a plus peur de l’eau car elle en a l’utilité pour la traverser et l’envie pour se rafraîchir.

Pour ma part la préparation des chevaux ne représentent que 10 % de l’ensemble des préparatifs. Les gens ont tendance à avoir uniquement le bout de l’iceberg alors qu’il y a toute la partie immergée bien plus volumineuse. Pour l’Expédition l’Eurasienne, les préparatifs sont regroupés selon les thématiques suivantes :

  • la recherche de financement (Aides des collectivités, répondre aux appels à projets, le sponsoring, monter une association, des économies personnelles…)
  • la gestion de l’administratif durant le périple 
  • la sélection du matériel optimum (meilleur rapport qualité-prix-poids)
  • la communication (les réseaux sociaux, la presse, la radio, le bouche-à-oreille, les événements…)
  • l’éloignement de la famille (j’ai des petites sœurs et des parents que je ne verrais pas pendant 2 ans)
  • le traçage du parcours 
  • le contact avec les ambassades et les autres organisations pour le passage de frontières
  • l’entraînement des animaux 
  • la gestion des partenariats, nous travaillons aussi avec une école…
  • l’entraînement physique personnel
  • l’entraînement à travers des stages par exemple des stages sur le parage naturel, des stage de survie
  • nous travaillons aussi à côté pour faire des économies.

Et enfin, il y a aussi une grande préparation mentale. Il faut rester à l’écoute des conseils des autres tout en gardant le cap vers nos objectifs. Il faut apprendre à gérer son stress et essayer d’apprécier chaque instant. Car avant toute chose il s’agit d’un rêve qui devient réalité et non d’une obligation ou d’une contrainte. Il faut faire les choses en fonction du ressenti, de ses valeurs, de sa logique et de ses envies.

Kim Rémy

L’Eurasienne #1

De Grenoble vers le Vietnam avec des selles Barefoot, l’Eurasienne #1
(voir la carte : https://www.ffe.com/cartographie/eurasienne/carte/index.html )

« Je m’appelle Kim REMY et j’ai 27 ans. Etant petite, j’ai toujours souhaité partir à la découverte de monde. Ma curiosité pour les choses inconnues m’a poussée à m’interroger sur des sujets existentiels pour lesquels une unique réponse ne me suffisait pas. Par exemple, quel est le but de la vie ? Qu’est ce qui nous rend heureux ? Sommes nous libres ? Et si non, comme le devenir ?…

Et puis, j’ai grandi en ayant de plus en plus d’interrogations.

Alors, oui, j’ai fait comme beaucoup d’entre vous ; j’ai lu des livres, vu des films, j’ai écouté les histoires des autres mais je n’avais pas mes propres réponses, mes propres expériences.

Plus je grandissais et moins je pensais trouver les réponses à mes questions en m’enfermant dans cette fameuse bulle : transport, boulot, réseaux sociaux, dodo.

J’étais pourtant en train de me créer une vie rêvée d’un point de vue sociétale : ingénieure, un CDI dans une super entreprise, un super amoureux, une santé de fer, une famille au top, un environnement agréable.

Alors je vous arrête tout de suite, je n’ai pas tout lâché pour faire ce que je fais aujourd’hui. Bien au contraire ! J’utilise les ressources dont je dispose pour atteindre mes objectifs. J’ai décidé que mes objectifs de vie seraient de ne faire que ce dont je rêve (à la fois les rêves de gamine et à la fois les rêves que j’avais pendant ma période bulle transport, boulot…).

Pour ma part, un de mes rêves est de partir à la conquête de terres inconnues et des personnes qui les habitent telle une exploratrice des temps modernes. Mais comment ? Par oú commencer ? Et surtout comment faire aujourd’hui alors que tout à déjà été conquit !?

Pour avoir un projet personnel qui tienne la route, il me fallait déjà être cohérente dans mon parcours. Je suis française, d’origine italo-vietnamienne. Je décide donc de rejoindre le Vietnam depuis la France. De là est née L’Eurasienne.

A cheval, cela m’a paru évident. A l’époque, on explorait les nouveaux territoires à cheval ou à pieds. Surement pas sur des routes prédéfinies et avec une voiture thermique qui nous empêcherait de prendre notre temps et d’apprécier un paysage sauvage. Lorsqu’on voyage à cheval, on ne fait qu’un avec la nature. Et curieusement, c’est un animal merveilleux permettant aussi de créer des liens avec les humains.

Une fois le projet structuré et bien ficelé, j’ai eu la chance d’entraîner les partenaires de route qui m’accompagnent actuellement et sans qui l’expédition n’aurait pas vue le jour :

  • Flavien Staub, qui partage ma vie depuis 11 ans
  • Gaïa, notre chienne
  • Cheyenne, Ramsès et Vagabon nos chevaux

Pour clore ce premier article, je suis honorée de pouvoir offrir à nos chevaux les équipements dont ils méritent pour vivre cette magnifique aventure. C’est pourquoi, nous avons choisi d’utiliser des selles Barefoot sans arçon avec toutes les qualités dont elles disposent et que je détaillerais dans un prochain article (légères, dégagent les épaules des chevaux, répartition homogène du poids du cavalier,…). »

Kim REMY le 9 juin 2019.